
En nous contant la naissance des éditions OBRIART, Cyprienne KEMP nous a mis sous les yeux un récit qui sort des sentiers battus. En effet, cette passionnée d’arts plastiques, qui se définit comme une artiste du livre, avait au départ la volonté de créer de très beaux objets et qui sont devenus principalement des livres, des livres d’artistes. Puis l’année 2014 a été un tournant. Cette année-là Cyprienne a pris celui de la littérature jeunesse, en pensant que ce domaine permettrait à ses créations de prendre leur essor, de trouver leur public. Et c’est ainsi qu’elle est devenue éditrice pour « impulser et pour transmettre ».

Avec quels contributeurs ?
Plutôt que de miser sur un objectif de la rentabilité à court et moyen terme, elle a fait le pari, assez risqué, de choisir des personnalités assorties à ses propres choix esthétiques et éthiques. Ainsi a-t-elle « repéré » Cécile Metzger, qui a une identité visuelle à fort impact.

« Un enfant trouve un fil jaune sur le sol. Curieux, il décide de voir où il le mène. Pour vivre son aventure, il devra surmonter sa peur de l’inconnu. Il découvrira des paysages somptueux peuplés d’animaux et au bout de son voyage, une belle surprise l’attend…«
Et elle a opté en parallèle pour l’édition de livres étrangers par achats de droits, donnant à la maison OBRIART une envergure internationale.
En voici deux exemples :

un premier album jeunesse de l’auteur-illustrateur anglais Owen Gent.
« L’enfant au parc imagine plein de choses tandis que le parent est absorbé par son téléphone. l’album fait l’apologie des rêves tout en rappelant aux parents qu’il est important de partager du temps avec son enfant. Cet album est un appel à lever les yeux et à être présent.«
Et aussi


Encore un premier album, celui d’une étudiante tchèque, créé en 3 mois, et qui a reçu le prix du meilleur livre silencieux (Silent Book Contest 2022).
Quels objectifs ?
C’est principalement de « montrer la diversité pour pouvoir faire accepter la différence ».
Cet objectif se décline à travers des partis-pris « écologiques » :
- Impression en Europe afin de maîtriser les circuits de fabrication.
- Refus du pilon pour les invendus au profit de la vente à bas coût.
- Limitation du nombre d’éditions par an (7 au plus)
- Edition de livres engagés afin de rendre les enfants actifs dans leurs lectures ;
Ainsi La jeune institutrice et le grand serpent :

emmène-t-elle les jeunes lecteurs au cœur de la forêt amazonienne de Colombie et vers une merveilleuse légende encore bien vivante. Un livre qui est un vibrant hommage à Irène Vasco, inlassable diffuseuse de livres dans les zones les plus reculées. Cet album a été sélectionné pour le Prix UNICEF Littérature jeunesse 2025 sur le thème « Grandir dans un monde durable, ça n’attend pas ! »
Quelles réalisations ?
A ce jour, Obriart a 13 albums jeunesse à son catalogue, s’est engagé dans une collection pour les tout-petits (Trotrodile), une autre pour donner envie de lire (J’ai pas le temps), une collection « mythologique », une édition dite du Château pour s’émerveiller, et des BD expérimentales.
7 titres ont été primés, dont
Fermez la porte (Prix de l’album surréaliste au salon du livre de Bruxelles 2024, et Prix Nénuphar 2025).


Comment travaille-t-on chez OBRIART ?
La modestie de l’équipe éditoriale amène à travailler directement avec les « artistes ».
Ainsi Un ours mal léché a-t-il fait l’objet d’un travail en commun éditrice-autrice pour le format de couverture, les illustrations et pour le texte de conclusion.

Qu’est-ce qu’un livre pour OBRIART ?
« L’histoire commence dès qu’on a le livre en main car le livre est un objet complet », dont les mots-clefs sont : découverte, familiarisation, décoration, jeu, amitié, confort, émerveillement, enthousiasme…

(collection trotrodile)
Cyprienne Kemp nous a présenté aussi
Moea a des rêves plein la tête, de Mino Rivo et Claire Thibon

Moea est une petite fille très imaginative dont l’esprit est rempli d’histoires fantastiques. Seulement cette riche imagination ne l’aide pas à se concentrer à l’école. Heureusement que Monsieur Coq a une solution ! Il lui montera que de sa différence Moea peut faire quelque chose de positif.
Les voyages de Marino, de Cecilia Cavallini

Marino aime bien aider autrui. Alors il a inventé une machine à distribuer la pluie.
Et un livre sur le thème : « que peut-on faire à notre hauteur ? »
Ma grand-mère, de Maria Elina :

« Ma grand-mère est une histoire tendre et émouvante qui parle de la perte de mémoire et des confusions souvent associées à la vieillesse ; sur la façon dont nous percevons ces changements et la capacité des enfants à recevoir avec amour et avec joie les choses que la vie leur réserve. La question de la perte de la mémoire n’est jamais exposée comme un problème, c’est d’avantage la formidable complicité entre la grand-mère et son petit enfant qui est ici mise en valeur.«
Puis Cyprienne elle nous a parlé de deux BD silencieuses (expérimentales) :

où il est question d’un changement de genre et

où comment les expériences peuvent vous rendre humain
Cyprienne Kemp a conclu avec une évocation de
La petite Fabrik
Montée avec Claire Gouelleu, autrice et metteuse en voix, qui va faire des lectures au cœur des cités, des points de deal, de lieux d’enfermement, des musées, la Petite Fabrik agit pour rendre le livre familier, au moyen de la création de livres-objets et d’actions culturelles et artistiques accessibles à tous.tes.
https://www.instagram.com/clairegouelleu/p/C1wTxI3ovOh
Un tel programme dévoile le rôle de l’éditeur au cœur de la cité. Et ce n’est pas le moindre mérite de la maison OBRIART.
Voici les retours de l’équipe Lire95:
Une démarche originale !
Un esprit d’entreprise très développé, visionnaire également, exigeante, sûre de ses choix; le nombre de ses publications annuelles, très restreint, et leur qualité, attestent d’une rigueur et d’un sérieux très profonds.
Les ouvrages choisis sont artistiques, choisis pour le thème, mais aussi ou surtout pour leur beauté ! On ressent la formation professionnelle de l’ intervenante.
Les livres présentés sont originaux, divers et choisis avec beaucoup d’intelligence et d’éthique.
Les livres sont magnifiques.
Une démarche originale !
Un esprit d’entreprise très développé, visionnaire également, exigeante, sûre de ses choix; le nombre de ses publications annuelles, très restreint, et leur qualité, attestent d’une rigueur et d’un sérieux très profonds.
Pour notre bibliothèque associative, nous avons acquis

L’ascenseur doit descendre, mais, bizarrement, il monte. Qui l’a appelé ? Est-il cassé ? Six voisins se rencontrent dans ce qui paraît être une routine éphémère, mais qui révèle bientôt de vieilles histoires et de nouvelles amitiés. Tous les voyages nous transforment, même un voyage en ascenseur. Bonus Un deuxième petit album est à découvrir dans une enveloppe qui est collée sur la troisième couverture de l’album. (Notice de l’éditeur)
Merci, Cyprienne Kemp, de nous avoir régalés avec toute votre production dont l’effet positif sur les enfants est incontestable.