Quelle belle découverte en cette rentrée 2021 !
Si une autrice-illustratrice se sent fondamentalement une écrivaine, c’est bien Véronique Massenot: or elle est talentueuse dans les deux registres.
Elle a construit son destin très jeune, a grandi dans les livres, a fait germer son projet d’écriture quasi secrètement, entrant même dans des études d’histoire de l’art pour ne pas effrayer l’entourage.
Ecrire, cela fut pour elle une évidence, peut-être une délivrance. Au début, elle invente pour sa fille nouveau-né, un tout premier livre en tissu, et, juste après, elle se lance dans un vrai livre pour tous les âges : Lettres à une disparue, texte plein d’amour, de crainte, et jamais de haine malgré le contexte d’inhumanité. Véronique a opté pour le réchauffement des cœurs.
Ecrire, pour elle, c’est être lue, on n’écrit pas pour soi.
Il a fallu se faire connaître des éditeurs, ces chefs d’orchestre, ou chefs de cuisine dit-elle malicieusement. Elle cite : L’Elan vert, la Boite à bulles, Ricochet, Hong-Fei…
Certains lui ont accordé leur totale confiance en lui donnant carte blanche pour réécrire des contes venus d’ailleurs. Ils savaient qu’elle respecterait l’original : haute gastronomie…
Il a fallu nouer des liens durables avec des illustrateurs. D’eux on attend beaucoup, « qu’ils fassent grandir mes textes ». Elle cite : Bruno Pilorget, Joanna Boillat, Clémence Pollet, Marcelino Truong, et d’autres.
Ecrire, c’est s’adresser aux enfants, aux jeunes, d’abord, essentiellement ; ce qu’on écrit à l’enfant est plus simple et s’écoule plus fluide. Tous les enfants du monde, d’Amérique, d’Afrique, d’Asie, sont les mêmes, ils ont besoin de rêver, et les auteurs sont là pour les satisfaire. Des titres font surface : Pierrot croqueur de mots, Devinettes, Brille encore soleil d’or, Croc croc la carotte…
Le travail est là avant toute écriture, la documentation qu’il faut étudier, la structure des histoires qu’il faut bâtir (et souvent plusieurs en même temps), les fins qu’il faut imaginer avant tout car elles sont le trésor que l’on recherche sans le savoir tout en lisant.
Quand le long travail de gestation est fait, une maternité s’accomplit, l’écriture jaillit et le livre se réalise; et il parle : l’autrice se le lit à voix haute, le mot redevient son.
Véronique est une musicienne-née. Et puis elle a cultivé sa voix dans des chœurs.
Ce qui fait son succès auprès des enfants, c’est qu’elle a d’abord mis en musique une idée d’histoire et ensuite qu’elle a tous les outils du langage pour en écrire la partition.
Et parfois, des dessins, des couleurs, toujours destinés à quelqu’un, comme dans cet art postal où elle excelle.
Véronique Massenot, une personne pleine de curiosité et toute dans un partage « sans frontières ». Optimiste, quoique lucide, elle garde l’espoir d’une réconciliation, d’un avenir meilleur.
C’est peut-être le secret de sa vitalité, apprendre sans trêve, et savoir être pleinement à soi pour mieux se donner aux enfants. Merci mille fois !