Catégorie : Retour sur une Rencontre

Nos retours sur une rencontre avec un pro de la littérature jeunesse (autrement appelés « retours sur image »)

Retour sur une rencontre avec Satomi ICHIKAWA, le 16 janvier 2024.

Retour sur notre Rencontre avec Satomi ICHIKAWA,

mardi 16 janvier 2024, Eaubonne, Val-d’Oise.

Pour illustrer son propos, Satomi ICHIKAWA s’est appuyée sur plusieurs de ses albums :

Les voitures de Jibril ; Accroche-toi à maman ; La fête de la tomate ; Y-a-t-il des ours en Afrique ; De la glace aux pommes de terre ; Croc-Croc Caïman ; La vraie place des étoiles ; Ma chèvre Karam Karam ; Mon petit cheval Mahabat ; Mon plus beau cadeau, c’est toi.

Ecouter Satomi ICHIKAWA nous raconter son parcours de vie, c’est comme entendre résonner une ancienne chanson qui raconte le départ volontaire, courageux, définitif,  d’un village natal. Pour elle, c’était un village japonais ennuyeux où se déroulaient des vies paysannes, nobles certes mais sans perspectives. Après y avoir travaillé et avoir économisé le prix de son départ, Satomi a lâché les rênes de sa curiosité, une vertu bien utile, et qui la mènera tout autour de la Terre. Elle a filé vers les puissantes cités de l’Occident. Ce fut un tour de force, et il dure depuis cinquante ans.

Pour pouvoir aller à la rencontre du vaste monde, il fallut apprendre bien des langues: l’anglais, le français, l’italien, l’espagnol, l’arabe, le swahili, etc. Il fallut se cultiver, et maintenant Satomi vit au coeur d’une bibliothèque de 3000 livres. Il fallut se consoler ou se réjouir avec une centaine d’ours en peluche et autant de jouets reçus d’enfants de par le monde.

Insulaire d’origine, Satomi a recherché les continents. Et le premier ce fut l’Europe, l’Angleterre, l’Italie, et puis elle a jeté l’ancre dans un port : Paris, ville de haute civilisation, belle, raffinée, où on peut parler de tout sans entraves. Et de là, elle rebondi vers l’Afrique, l’Asie, l’Inde, les Amériques…

Il a fallu trouver un métier pour vivre dans cette capitale exigeante et dure : jeune fille au pair, cela ne dure qu’un temps. Or Satomi ne savait qu’une chose : dessiner. Spontanément, sans avoir suivi aucun cours dessin. Naturellement.

Un éditeur anglais, puis des éditeurs français l’ont consacrée illustratrice. L’expérience dure depuis cinquante ans, avec des bonheurs, la découverte des images de Boutet de Montvel, le succès de la série des « Suzette et Nicolas » chez Gautier-Languereau.

Mais on a beau croquer les enfants au Luxembourg, dessiner des animaux d’après photos, on finit par tourner en rond. Et le mouvement qui enlève, transporte, excite, c’est ce dont Satomi a besoin, et qu’elle voulait transcrire. Elle est donc partie vers des lieux qui bougent. Car, dit-elle,

« Le voyage, c’est le seul moteur pour ma survie ».

Elle est allée depuis lors vers les beautés éternelles des savanes du Kenya, du Sahel, de l’Amérique latine, vers les cottages anglais peuplés d’animaux disparates, vers les Etats-Unis, vers l’Inde, partout, et toujours dessinant ; avec un petit bagage : un sac avec des crayons, des pinceaux, une petite boîte d’aquarelles, une fiole d’eau, des cahiers.

En tous pays, si l‘on sait voir, orienter son regard vers l’essentiel, il y a des animaux, des enfants, un univers dont les valeurs sont éternelles : vraie simplicité, spontanéité, vérité des gestes et des démarches, naturel, élégance. Tout ce que l’on a croirait perdu à jamais, elle le voit, elle le trouve et elle estime normal de le montrer aux autres. Elle dit encore:

« Vivre avec la nature, ce n’est que de la poésie ».

Ses sujets, ce sont d’abord des images : des attitudes d’enfants (qui sautent, se balancent, montent à cheval, jouent ) ; des scènes ; des animaux (elles les multiplie en troupeaux tant elle a plaisir à les dessiner) ; des fruits ( un prochain livre sera consacré aux kakis ); les éléments, la surface de l’eau, la pluie qui ruisselle, le soleil qui dore les peaux et les objets.

Le sujet, c’est l’universel ; en tous pays, les enfants sont pareils. Partout les enfants lui font des cadeaux qu’elle collectionne comme des trésors. Partout les objets sont vivants.

Son enthousiasme pour la beauté est sans fin. De notre Monde elle montre la jeunesse inépuisable.

Son projet : communiquer, faire voir la réalité, « la vie, la vie, comme ça ».

Pour conclure avec des retours d’impressions de l’auditoire :

Satomi ICHIKAWA s’est construit un destin atypique, et elle le mène avec une persévérance sans faille. Toujours émerveillée par la vie et par les êtres, elle semble n’avoir jamais quitté son enfance. Simple, humaine, touchante, elle a la candeur lumineuse de ceux qui, cherchant la vérité, se satisfont des paillettes découvertes au hasard, et qui pensent que «  les étoiles sont encore à leur place ».

Merci, Satomi, pour votre confiance et vos transmissions !

Retour sur une rencontre avec Marianne BARCILON

Retour sur la Rencontre avec Marianne BARCILON

mardi 12 décembre 2023, Eaubonne.

 C’est une intervenante pleine d’énergie et passionnée par son travail que nous avons accueillie, et cette Rencontre en a été colorée d’une ambiance joyeuse et bienveillante.

Marianne BARCILON est une vraie professionnelle de l’illustration jeunesse. Déjà diplômée des Beaux-Arts, elle s’est formée aux Gobelins dans les métiers de l’image et s’est spécialisée dans les effets spéciaux. A ses compétences artistiques elle a ainsi ajouté deux cordes, l’organisation et l’efficacité.

Ne marchandant pas son temps, elle a depuis toujours créé des images en grand nombre, seule ou avec ses enfants. Quand enfin elle parvient au juste trait, ses doutes tombent, elle se sent sûre d’elle et contente de son travail. Pas étonnant que les éditeurs donnent carte blanche à quelqu’un qui utilise à si bon escient son talent, son imagination et sa liberté.

Les animations d’ateliers scolaires lui permettent d’ajuster sa vision. Car le regard des enfants est impitoyable et ils n’ont pas la langue dans leur poche pour réfuter des personnages non véridiques ou contester le nombre des nains !

Illustrer, c’est une responsabilité d’auteur. Les images désignent ce que les mots ne disent pas, les contextes, les causes et les effets. Elles sont une deuxième narration.

Illustrer, c’est intégrer les contraintes fortes de la composition. Ne serait-ce que respecter le nombre de pages prévu, toujours un multiple de 8, soit 32 ou 40. Or le texte est déjà là, pré-existant, imposant son propre rythme. Et les interactions illustrateur-auteur – les arrangements –  sont très rares, tant pis ou tant mieux.

Quand Marianne écrit et illustre à la fois, il lui faut donc une double imagination et une maîtrise des ajustements. De plus, il lui arrive de concevoir plusieurs albums en même temps. Et comme chaque album lui prend maintenant environ quatre mois, on peut dire qu’elle travaille sur le temps long et que son imaginaire est strictement géré.

Marianne pourrait s’isoler dans sa tâche, mais ce n’est pas dans son tempérament. Il lui faut des rencontres avec des confrères, des ateliers, des moments de partage, du mouvement, de l’énergie.

Où puiser ? Dans les sources d’inspiration que sont les grandes références, Tomi UNGERER, Maurice SENDAK, par exemple, mais pourquoi pas aussi chez certains contemporains, ou tout simplement dans ce que l’on voit de nouveau tous les jours ?

Au quotidien, c’est une véritable banque d’images que Marianne BARCILON s’est constituée au fil des années : dans ses innombrables carnets de dessins, on trouve les gens rencontrés dans le métro, qu’elle a croqués à la dérobée, et puis tout ce qui passe et qui est vivant, des humains, des animaux. La sorcière Rabounia est une femme terrifiante qui existe donc quelque part !

Quant à ses hérissons (ceux de Pourquoi moi j’ai jamais de calins), ils logent sous son atelier…

Mais les prélèvements dans l’environnement ne suffisent pas. Tout doit être étayé culturellement.

Marianne, qui travaille à l’ancienne, « comme au Moyen-Age », sans ordinateur, ne dispose que d’une boîte d’aquarelles et d’un pinceau à réservoir. Armée de ce modeste attirail, elle effectue des recherches incessantes, dans les bibliothèques, les encyclopédies, les musées, France-Culture, les vieilles photos, les souvenirs (« la couette de ma grand-mère est devenue la couverture de Nina »).

Par exemple, se penchant sur la sorcellerie, elle a épluché grimoires, recettes, gravures, procès-verbaux, etc. Sur le thème du hérisson, elle a étudié la représentation du hérisson aux temps passés. « Ce n’était pas indispensable », dit-elle, mais l’acte de création alimente chez elle une immense soif de savoir.

Cette « avidité » engendre sans fin des histoires. Par exemple, dans Rabounia, les histoires que la sorcière va devoir traverser en s’extrayant de son propre livre ; ou, dans Jean-Poil et Poiss-Kaï, le récit qui se démultiplie avec les histoires que le poisson va raconter au chat.

Quels ressorts pour une telle activité ?

Il y a le désir de servir les enfants, les siens, ceux des autres ; l’envie de les faire progresser, d’activer leurs intelligences, de les initier aux différents niveaux de langage, de les rassurer sur leurs capacités, de les amuser, de leur donner le goût d’être eux-mêmes.

Un projet ? Aller dans des histoires décalées, et poursuivre le travail entamé avec Elodie FONDACCI pour ses Histoires farfelues d’orthographe, « une série ludique, maline, intelligente »:

Notre Rencontre s’est joyeusement achevée dans un atelier de dessin collectif.

Merci à Marianne d’avoir déployé sa bonne humeur et son énergie pour nous faire entrer dans son histoire. Une histoire semée de doutes vaincus par des certitudes exaltantes.

Retour sur une rencontre avec Didier LEVY

Second invité de notre saison 2023-2024 : Didier LEVY, auteur jeunesse prolifique de près de 200 titres, et illustrateur depuis peu, est un ex-journaliste tombé pour toujours dans le monde des histoires. Notre rencontre a eu pour thèmes son métier d’écrivain, son point de vue sur l’illustration et sur le sens qu’il donne à son engagement dans la littérature jeunesse. Voici les albums qu’il a choisis pour illustrer son propos : La fée Coquillette, Le jour où j’ai bien failli perdre ma couronne, Aspergus et moi, Le superpouvoir des chansons, Le superpouvoir des histoires, Hanabishi, Avec Mona et Après le cirque.

Didier LEVY nous a d’abord parlé, avec sincérité et intensité, de son travail quotidien d’auteur.

Ecrire, c’est un chemin d’invention ; tandis qu’on est dans la vie et dans la relation à autrui, on est en même temps à l’œuvre dans son propre monde, sa propre bulle. Il faut arriver à vivre cette superposition, et ce n’est pas toujours facile. Car en son for intérieur, et sans relâche, on bâtit progressivement une histoire, on cherche des continuités possibles à ses épisodes, les voies qui vont mener jusqu’à une fin qu’on a prévue mais dont on ne sait au départ comment on va y arriver. Ce sont donc d’incessants questionnements, des recherches de solutions. Ce sont des repentirs, des reprises, des bonnes idées qui se révèlent erronées, des idées fumeuses qui se révèlent efficaces… un travail perfectionniste, qui laisse pourtant de la place à l’improvisation.

De telles difficultés sont compensées par l’excitation d’avoir trouvé l’idée juste qui fait rebondir, qui redonne de l’élan, et par l’enthousiasme d’avoir au fil du travail pu « faire résonner en soi l’écho de sa propre enfance ». C’est ce monde qui est enfoui mais qui n’est pas perdu pour autant, que l’auteur recherche ardemment et avec opiniâtreté. Ainsi l’écrivain, « se servant tantôt du cerveau gauche de la raison et du cerveau droit de l’intuition », est-il un alchimiste, à la recherche d’une magie, et toujours en quête de pépites.

Pourquoi écrire pour les enfants ? 

D’abord parce que les enfants possèdent « d’immenses capacités de créativité, leurs têtes sont des boîtes à outils  avec des capacités d’imagination infinies, et il faut alimenter cette machinerie fantastique ». De plus ils ont un avantage sur les adultes : un esprit naturellement critique, qui les aide dans leurs choix.

Une autre raison, c’est qu’en écrivant pour eux, on trouve des solutions à ses propres problèmes. Car l’enfant qui demeure en nous « ouvre des portes sur le champ des possibles ». Et ce faisant, on est de soi-même le premier lecteur, qui se surprend, s’émeut et s’amuse.

Didier LEVY nous a tous invités à écrire comme lui des histoires pour enfants, pour leur faire du bien, et pour nous en faire à nous. Il affirme que la créativité existe chez tout un chacun. Il suffit de s’y mettre, et de consacrer à la tâche le temps et l’attention suffisants.

Un album qu’il nous a lu, une histoire tendre entre deux réputés cruels, un mini-roman, avec des péripéties menant à une rassurante et bienheureuse conclusion.

A une question sur les auteurs et illustrateurs qui l’ont influencé ou bien ceux qu’ils aiment particulièrement citer, Didier Lévy nous a répondu par une ellipse : « tous les auteurs des livres que j’ai croisés dans ma propre enfance ». Et puis il a quand même cité pêle-mêle Maurice SENDAK, Philippe CORENTIN, Béatrice ALEMAGNA. Il a donné sa préférence à l’illustrateur André FRANCOIS, dont le Centre culturel de Margny-lès-Compiègne – dédié à l’album et à l’illustration – porte le nom.

(repéré au Salon de Montreuil 2023 – librairie des livres rares)

Les albums de Didier LEVY ont été illustrés par de très nombreux artistes, au gré non de ses demandes particulières, mais des desseins des éditeurs, eux-mêmes très variés ; cette variété ne lui a pas posé de problèmes. Il fait confiance entière à ses illustrateurs, des interprètes qui se sont approprié la matière. Pour lui, l’illustrateur n’est pas un créateur en second, mais est un véritable co-auteur. Et donc, lorsque l’un de ses textes est illustré, le livre initial – qui n’était en somme qu’un projet –  n’existe plus, puisque le véritable livre est né. Il est « le résultat d’une chimie intime texte-images ».

Mais c’est lorsque Didier a affirmé que l’illustration, de toutes façons, était plus importante que le texte, comme la musique d’une chanson compte plus que les paroles, qu’un – aimable – débat s’est engagé dans la salle. Certains ont dit que le texte était la matière principale, que les mots avaient leur propre musique, que le langage suscitait de soi-même des images mentales qui pouvaient même supplanter les illustrations. D’autres ont dit qu’ils lisaient tantôt en montrant les images, tantôt sans les montrer, ce qui démontrait l’importance égale du texte et de l’image.

Au service de sa thèse, Didier LEVY a affirmé que les textes sont « les écrins des images qui se développent ». La collaboration avec Pierre VAQUEZ, graveur en taille-douce à la manière noire, a été un vrai bonheur. Comme si l’extrême difficulté de ce technique, la lenteur de l’exécution – trois semaines ou un mois pour une seule image – le fait que du noir surgisse la lumière et qu’on obtienne à la fin cette douceur veloutée, c’était l’équivalent – ou la métaphore –  du travail artisanal de l’auteur d’histoires.

Didier LEVY acquiert de ses expériences multiples qu’on a intérêt à être auteur-illustrateur ; et c’est pourquoi il a créé tout seul l’album « Après le cirque ».  Il nous a lu cet album.

Il nous a donné des clefs pour bien user des textes : lire lentement, mettre à la lecture de l’engagement, de l’ardeur. Car « un bon texte c’est le rapport entre ce qu’on raconte et ce qu’on laisse deviner ; c’est un texte qui laisse le plus possible de place au lecteur sans pour autant le perdre. » Le lecteur prendra donc son temps pour que s’éveille doucement la conscience des auditeurs.

De Didier LEVY, nous conserverons l’image d’un homme authentique, exigeant, complexe, singulier, toujours efficace. Nous mettrons cette image au regard de ses albums, limpides, fluides, heureux, plaisants.  Nous y trouverons tout ce dont nous avons besoin pour faire aimer les livres aux jeunes enfants : humour, surprises, espoirs, images d’une vie meilleure.

Merci à Didier LEVY pour sa totale implication dans une séance qui nous a nourris.

Retour sur une rencontre avec Emmanuelle HOUDART, illustratrice et autrice.

Mardi 10 octobre 2023, Eaubonne.

Première invitée de notre saison 2023-2024 : Emmanuelle HOUDART, illustratrice, autrice, une parisienne d’origine suisse. Cette Rencontre, animée avec brio par Benoîte VANDESMET, s’est déroulée autour des albums choisis par l’intervenante pour intéresser les lecteurs de Lire et faire lire :

Grandir, Une amie pour la vie, Les formidables journées de Piloursine, La parade de Noël, Ma mère, Abris et Mortel.

Chacun de ces albums, explosant de couleurs, fourmillant de détails, recélant des surprises surréalistes, se veut exploration poétique. Chaque image raconte une histoire. Et quand on arrive au bout des pages, on se rend compte qu’une petite chaleur a fait peu à peu apparaître des messages tracés à l’encre sympathique et qui nous font du bien.

Grandir, une façon de montrer qu’on ne change pas, mais qu’on se métamorphose tout en restant même, tant qu’on est fidèle à son âme et qu’on se souvient de ce qu’on a été.

Une amie pour la vie, oui pour la vie, parce que la véritable amitié, même perturbée parfois, est d’abord une fidélité, et que sans fidélité, la vie s’écroule.

Les formidables journées de Piloursine sont celles dont on rêve en dormant quand on a la chance d’avoir une enfance heureuse et dont on se souviendra.

La parade de Noël : une façon de se faire plaisir en faisant plaisir à autrui, grâce à ce joyeux livre-accordéon qui est un calendrier de l’Avent, muni de malicieuses tirettes, languettes et rabats.

Ma mère met tout son art au service d’un hommage, et tout l’amour s’y exprime au fil des traits. Grand Prix de l’illustration 2016.

Abris désigne de précieux refuges enveloppants, la chambre où logent les personnages talismans, les mangas, les Spiderman, et autres icônes ou idoles ; les mains de la mère quand elles entourent le visage ; un grand-père qui vous accompagne quelque part…

Mortel : Emmanuelle y déploie les mille objets, signes ou symboles du trépas, corbeaux, cercueils, chardons, daturas, et même un Diable plutôt séduisant. Un album qui aide au final à « traverser » la mort en en discutant et qui s’achève sur des notes de tendresse ou un bel éclat de rire.

Emmanuelle HOUDART s’est révélée une personne d’une grande sincérité, et elle n’a pas craint de dire qu’elle a mis beaucoup d’elle-même dans ses œuvres : sa vie d’enfant dans le Valais, là où paissent les vaches d’Hérens « si noires dans les vertes prairies », et puis sa vie de mère, sa vie de femme, toutes ces séquences qui requièrent de la force pour « vivre toute une vie en inventant sans cesse des solutions, même fantasques ». Avec un objectif permanent: garder sa force, son âme d’artiste, rester dans le mouvement, pour rester digne, pour être une aussi belle personne que possible. Quelqu’un qui vit avec et pour les gens, mais qui prend aussi soin de soi-même. Une vie ardente et contrôlée.

« L’acte de lire, et lui seul, produit dans notre cerveau un succession d’images incroyables

et nous ouvre ainsi des espaces de paix intérieure. »

Voici l’album que nous avons acquis pour notre bibliothèque de prêt :

Piloursine est une douce petite fille entre 8 et 12 ans, qui a déjà pas mal lu, par exemple « Alice au pays des merveilles » ou « Le pays des 36000 volontés ». Elle aimerait, et elle a bien raison, vivre une belle vie, entre gourmandises, découvertes, partages, bien-être, bref prendre du bon temps en bonne compagnie, et se faire des amis parce que pour l’instant elle n’a qu’un petit oiseau près d’elle. Super organisée et prête à toutes éventualités, elle se munit de tous les matériels, vêtements, parures indispensables, panoplies ultra-complètes, dont l’assemblage est délicieusement farfelu. Alors s’ouvrent de formidables « journées de rêve », que ce soit à la pêche, en voyage, au jardin, à la fête d’anniversaire.

C’est un livre tendre, plein de bizarreries, foisonnant d’images et de surprises suaves et malicieuses, qui nous raconte que grâce à tous ces accessoires qui encombrent mais aussi qui protègent, et qui stimulent l’imagination,  un enfant peut accéder à l’essentiel : le doux sommeil, au cours duquel il se construit.

Merci pour votre venue, et pour votre dédicace, Emmanuelle !