Bourgeons de poésie
Depuis plusieurs années, Annie et André exercent leur talent de lecteurs dans la petite école primaire de Piscop. Leur ancienneté leur a permis d’acquérir une expérience certaine, et leur assiduité a favorisé la naissance et le maintien de rapports chaleureux avec un public si particulier : les enfants.
Actuellement, le contexte pandémique a conduit à suspendre momentanément les séances de lecture. Pour pallier la frustration ressentie par les enfants, une maîtresse de l’établissement a organisé un concours de poésie auquel participaient les élèves des cours élémentaires et moyens :
La poire et le noir
Il y a du noir dans la poire
Dans le noir il y a une poire
Bien sûr qui est noir ? C’est la poire
Ne la mange pas elle n’est pas bonne
(CE)
Ma Mémé
Je me souviens quand tu étais là.
Je me souviens des cadeaux que tu me faisais.
Je me souviens des dessins qu’on faisait ensemble.
Je me souviens les Noëls ensemble, les lettres dans les sapins.
Je me souviens des jours de l’An.
Je me souviens de toi ma Mémé d’amour à jamais.
(CE)
Les deux lecteurs de « Lire et Faire Lire » faisaient partie du jury avec quatre autres personnes. Chacun votait anonymement, en distanciel, la maîtresse organisatrice a coordonné l’ensemble du travail, et centralisé les résultats pour établir un « classement » des 17 poèmes (5 CE et 12 CM) à départager, parfois difficilement.
Annie et André ont pris beaucoup de plaisir à consulter ces textes, et ils ont été d’accord pour estimer que la majorité de ces poèmes était de qualité. Par-delà les maladresses ou les formes naïves qui s’en dégageaient parfois, il y a sans doute quelque chose qui attend de se manifester, une forme de poésie qui se cache et qui a un peu de mal à s’exprimer.
Mon ami
Printemps ! Tu peux venir avec moi te balader dans les champs avec ton cœur rempli de joie ; et ta beauté sur les fleurs enchantées me remplira le cœur d’amour. Tu m’as aidée à me relever de ce cœur froid.
Je t’appellerai « Mon ami » ! Dans mon cœur tu es présent, tu auras une place où que tu sois. Ennemi ou pas, pour moi tu auras toujours une place.
Quand tu partiras j’aurai le cœur froid. Je pleurerai chaque jour sans toi.
(CM)
Les aventures de l’épouvantail
Au milieu du champ un épouvantail
est placé à côté du potager
pour effrayer les corbeaux géants.
Mais l’épouvantail était vivant
Le soir il s’est déplacé
pour aller en Italie et prendre
un nouveau départ pour une nouvelle vie.
(CM)
Ils ont aussi apprécié de découvrir de la graine de poésie chez des enfants qui paraissaient parfois récalcitrants aux séances de lecture, auxquelles ils semblaient n’assister que distraitement, et qui ont trouvé plaisir à jouer avec la langue française. Il est certes difficile d’estimer l’influence des lecteurs de « Lire et Faire Lire », mais cette expérience les conforte dans leur mission, et les encourage à poursuivre leurs rendez-vous de lecture avec de tels poètes en herbe.
Sur mon toit
Je vois des oies
qui s’étaient posées
pour se reposer
Elles étaient blanches
comme les avalanches
qui se déclenchent
qui se déclenchent.
(CM)