Le 2ème Salon du Livre Jeunesse de Deuil-la-Barre s’est tenu du 19/11 au 23/11/2025 avec la participation active de bénévoles Lire et faire lire.
Ce furent à nouveau de beaux moments de partage intergénérationnel et parental. Grâce à des lectures aux scolaires de la maternelle au CE1 les jeudi et vendredi, plus d’une centaine d’enfants ont été concernés. Et avec des lectures aux enfants et adultes le samedi et le dimanche, c’est presque 170 personnes de plus !
En réussissant cette seconde performance, on a donné un vrai sens à la lecture partagée et on a fait connaître sa richesse.
Les bénévoles Lire et faire lire de Deuil-la-Barre apportent régulièrement leur concours aux Bains de lecture du Salon d’Eaubonne mis en œuvre par Lire95. Que ces partenaires soient chaleureusement félicités pour leurs engagements sincères et réguliers.
Après la découverte de l’Atelier-Musée de l’imprimerie de Malesherbes en janvier et du Cadratin de Jouy-le-Moutier en juin, 10 adhérents de l’association Lire 95 ont visité le jeudi 6 novembre 2025 l’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe de Auby/Flers-en-Escrebieux.
Cet atelier constitue le patrimoine vivant et matériel de l’Imprimerie nationale devenue IN Groupe en 2018 et dont l’existence remonte à François 1er (1538).
Il s’agit d’un lieu unique en Europe, voire dans le monde, de conservation patrimoniale, de transmission des savoirs et de production, qui associe histoire, technique de l’imprimerie et pratique des savoir-faire ancestraux dans une approche créative et artistique.
Nous avons été particulièrement bien accueillis par une équipe de professionnels extrêmement qualifiés, passionnés et conscients de participer chaque jour à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine culturel.
La visite de l’Atelier a débuté par une présentation chronologique de l’avènement des différents caractères typographiques au fil du temps.
De l’imprimerie royale à l’Imprimerie nationale en passant par l’Imprimerie impériale, nous avons découvert les différentes créations typographiques permettant au pouvoir en place d’affirmer leur politique culturelle et leur contrôle de l’édition.
Sous François 1er, première création d’une typographie royale pour le grec ;
Robert Estienne, imprimeur du Roi fit appel à Claude Garamont tailleur et fondeur de lettres qui grava les poinçons des « Grecs du Roi ».
Puis naissance de l’imprimerie royale qui fut fondé par Louis XIII en 1640 à l’instigation de Richelieu. Elle fut chargée d’imprimer tous les actes officiels puis les textes littéraires et religieux.
Nous avons admiré à travers les présentations des différentes vitrines les poinçons typographiques (exemple : « Grandjean » ou « Romain du roi » (authentique typographie de Louis XIV) poinçons gravés par Louis-René Luce) et leur impression.
Trésor de l’Imprimerie nationale, le cabinet des Poinçons, constitue un patrimoine unique au monde avec ses 700 000 pièces gravées dont la plus grande partie est classée au titre des monuments historiques.
Le poinçon est une tige d’acier à l’extrémité de la laquelle le graveur dessine et grave en relief et à l’envers la lettre.
Les compositeurs typographes de l’Atelier disposent de 7 caractères latins exclusifs : Garamont, GrandJean, Luce, Didot impérial, Marcellin-Legrand, Jaugeon et Gauthier ainsi que des caractères orientaux (65 écritures du monde) créés ou acquis au fil des siècles depuis les « Grecs du Roi » gravés par Claude Garamond pour François 1er.
Ensuite, nous avons été invités à une petite démonstration de ces savoir-faire ancestraux, temps fort de notre visite. Nous avons pu admirer la précision des gestes répétés depuis plus de cinq siècles avec la fabrication des caractères mobiles qui se décompose en trois phases : la gravure d’un poinçon, la frappe d’une matrice, la fonte de caractères typographiques (dans un alliage de plomb, d’antimoine et d’étain).
La richesse de l’Atelier, c’est aussi ses artisans et maîtres d’art qui font vivre chaque jour par leur geste une tradition d’excellence : le graveur (poinçon), le fondeur (la matrice), le compositeur typographe qui place chaque lettre mobile et crée un texte, le correcteur… et l’imprimeur.
A partir de la révolution industrielle au 19e siècle, les machines ont permis progressivement l’automatisation des différentes tâches avec la Linotype (qui compose une ligne de matrices) et surtout la Monotype (clavier qui permet la saisie du texte sur bande papier perforée et fondeuse-composeuse intégrée), ces avancées technologiques majeures sont à l’origine de l’essor de la presse quotidienne et de l’édition.
Pour clôturer la visite, Marie Poirot, responsable éditorial de l’Atelier, nous a présenté quelques exemples de la production remarquable récente, véritables chefs-œuvre à tirage restreint, chaque exemplaire est unique.
Le Gardeur de troupeaux, de Fernando Pessoa :
Textes poétiques de Fernando Pessoa composés à la main en Garamont entrelacés d’une dizaine d’aquarelles originales de Gérard Traquandi, illustrations réalisées pour chaque exemplaire au fil de la lecture du peintre, ouvrage unique, émotion garantie.
Vous pouvez aussi consulter une présentation de l’ouvrage. Il s’agit d’une vidéo réalisée à la Bibliothèque « l’Alcazar » de Marseille en présence de l’artiste Gérard Traquandi et disponible sur Youtube à l’adresse suivante :
Le Cantique des cantiques, traduit par Vincent Schmied :
Voyages en Alexandrie, de Robert Lobet et Bruno Doucey :
Nous avons aussi rencontré l’artiste Valia Eydis, actuellement en résidence à l’Atelier pour la fabrication de son dernier ouvrage, Promenade avec Gogol, présenté au Salon de bibliophilie « Pages » ; Palais de la Femme, du 28 au 30 novembre 2025.
Voilà une belle sélection pour faire plaisir à nos jeunes lecteurs et lectrices à l’occasion des fêtes de fin d’année et n’oubliez pas le Salon de Montreuil !
Benoît Jacques est lauréat du prix de la Grande Ourse 2025. Son parcours d’auteur, illustrateur et éditeur est marqué par plus de 30 ans d’expérimentation et de liberté artistiques. Né à Bruxelles il est l’auteur d’une cinquantaine de livres et a été récompensé du Baobab de l’album en 2008, pour « La nuit du visiteur » et du Grand Prix Triennal de la littérature jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2012.
Son dernier titre « Journal : l’enquête qui piétinait-intégrale de la saison 1 » est paru le 15 octobre 2025.
Sur le site Kibookin
En plus de la sélection par tranche d’âge, Kibookin propose une sélection sur le thème de l’altérité et de l’empathie, en écho du thème du 41ième Salon « L’Art de l’autre ».
Actualité éditeurs/auteurs
Cot Cot Cot propose :
Leur regard, de Higo Wu et Pei-Hsiu Chen : un album venu tout droit de Taïwan qui rappelle qu’en explorant le monde avec des yeux d’enfant, même la chose la plus ancienne dans l’univers peut sembler nouvelle et fascinante ; (livre conseillé par le CNlJ/BNF) ; dès 6 ans.
Hélium conseille :
Qui voit là, de Caroline Gamon : une étrange créature traverse la forêt, intriguant les différents animaux qui la peuplent. Un livre qui invite à observer et surtout à changer de perspective pour mieux comprendre le monde; dès 4 ans.
Les 400 coups présentent :
Pome et Dina, de Caroline Barber et Marianne Pasquet : un recueil de 12 histoires qui racontent la première année d’amitié entre deux amies aussi vives qu’authentiques ; dès 3 ans.
Hongfei nous fait découvrir :
Un air de trompette, de Gilles Baum et Clémence Pollet (notre invitée en 2020) : de retour d’Egypte, l’Empereur rapporte à Paris mille trésors, dont une trompette. Mais est-ce vraiment une trompette ? S’emparant d’une anecdote réelle de l’histoire de l’art, les artistes affabulent dans un album truculent où se côtoient un empereur fantasque, un conservateur de musée dépassé et un objet mystérieux encore exposé au Louvre ; dès 8 ans.
Les fourmis rouges suggèrent :
Pavel et Mousse,d’Aurore Petit : Pavel, un lapin ordinaire trouve un bébé panda dans la forêt et l’adopte. Lorsque Mousse grandit, il ressemble de plus en plus à un panda, ce qui suscite des questions de parentalité et de construction de l’identité ; dès 4 ans.
Les éditions des éléphants proposent :
Le grand voyage de Dandy Lapin, d’Adèle Pedrola et Chiaki Okada : Dandy Lapin, heureux propriétaire d’une maison douillette et d’un jardin propret, reçoit un jour un courrier inattendu : il a gagné un voyage en Australie ! Sauf que… l’Australie, c’est bien trop loin pour lui ! Un livre sur la tolérance envers soi-même et envers les autres ; dès 4 ans.
Mon petit frère de glace, d ’Irène Cohen-Janca et Giulia Vetri : un roman qui raconte le destin d’une famille lettone broyée par la machine stalinienne. Et pourtant, dans le froid et la misère du kolkhoze, une amitié lumineuse va naître ; dès 8 ans.
Didier Jeunesse recommande :
L’incroyable maison de la forêt, d’Elena Selena : un livre pop-up dans lequel une maison grandit pour accueillir tous les amis de la forêt ; dès 3 ans.
La grosse faim de P’tit Bonhomme, de Pierre Delyee et Cécile Hudrisier: ce matin P’tit Bonhomme a le ventre vide et il court chez le boulanger. Un petit conte-randonnée sage et insolent ; dès 3 ans.
Albin Michel Jeunesse propose
L’adaption du célèbre film d’animation multiprimé : Flow, de Gints Zilbalodis et Matiss Kaza : dans un univers envahi par les eaux et mystérieusement déserté des humains, un petit chat trouve refuge sur un bateau aux côtés d’autres animaux perdus, dès 5 ans.
Le best-seller coréen Le lys du ciel, de Lee Geum-Yi : à 12 ans, Mireu quitte Séoul, son père et ses amies pour s’installer avec sa mère à Champ-de-lune, un petit village de campagne. La beauté du paysage la laisse indifférente, elle est trop en colère contre sa mère, le divorce de ses parents, et la vie en général ! Décidée à rester isolée, Mireu va pourtant croiser la route de la douce Sohui et de son ami Baou, jeune artiste discret. Ils vont s’apprivoiser, se confier et se lier d’une amitié sincère, qui les aidera à grandir et à avancer; dès 9 ans.
En nous contant la naissance des éditions OBRIART, Cyprienne KEMP nous a mis sous les yeux un récit qui sort des sentiers battus. En effet, cette passionnée d’arts plastiques, qui se définit comme une artiste du livre, avait au départ la volonté de créer de très beaux objets et qui sont devenus principalement des livres, des livres d’artistes. Puis l’année 2014 a été un tournant. Cette année-là Cyprienne a pris celui de la littérature jeunesse, en pensant que ce domaine permettrait à ses créations de prendre leur essor, de trouver leur public. Et c’est ainsi qu’elle est devenue éditrice pour « impulser et pour transmettre ».
Avec quels contributeurs ?
Plutôt que de miser sur un objectif de la rentabilité à court et moyen terme, elle a fait le pari, assez risqué, de choisir des personnalités assorties à ses propres choix esthétiques et éthiques. Ainsi a-t-elle « repéré » Cécile Metzger, qui a une identité visuelle à fort impact.
« Un enfant trouve un fil jaune sur le sol. Curieux, il décide de voir où il le mène. Pour vivre son aventure, il devra surmonter sa peur de l’inconnu. Il découvrira des paysages somptueux peuplés d’animaux et au bout de son voyage, une belle surprise l’attend…«
Et elle a opté en parallèle pour l’édition de livres étrangers par achats de droits, donnant à la maison OBRIART une envergure internationale.
En voici deux exemples :
un premier album jeunesse de l’auteur-illustrateur anglais Owen Gent.
« L’enfant au parc imagine plein de choses tandis que le parent est absorbé par son téléphone. l’album fait l’apologie des rêves tout en rappelant aux parents qu’il est important de partager du temps avec son enfant. Cet album est un appel à lever les yeux et à être présent.«
Et aussi
Encore un premier album, celui d’une étudiante tchèque, créé en 3 mois, et qui a reçu le prix du meilleur livre silencieux (Silent Book Contest 2022).
Quels objectifs ?
C’est principalement de « montrer la diversité pour pouvoir faire accepter la différence ».
Cet objectif se décline à travers des partis-pris « écologiques » :
Impression en Europe afin de maîtriser les circuits de fabrication.
Refus du pilon pour les invendus au profit de la vente à bas coût.
Limitation du nombre d’éditions par an (7 au plus)
Edition de livres engagés afin de rendre les enfants actifs dans leurs lectures ;
Ainsi La jeune institutrice et le grand serpent :
emmène-t-elle les jeunes lecteurs au cœur de la forêt amazonienne de Colombie et vers une merveilleuse légende encore bien vivante. Un livre qui est un vibrant hommage à Irène Vasco, inlassable diffuseuse de livres dans les zones les plus reculées. Cet album a été sélectionné pour le Prix UNICEF Littérature jeunesse 2025 sur le thème « Grandir dans un monde durable, ça n’attend pas ! »
Quelles réalisations ?
A ce jour, Obriart a 13 albums jeunesse à son catalogue, s’est engagé dans une collection pour les tout-petits (Trotrodile), une autre pour donner envie de lire (J’ai pas le temps), une collection « mythologique », une édition dite du Château pour s’émerveiller, et des BD expérimentales.
7 titres ont été primés, dont
Fermez la porte (Prix de l’album surréaliste au salon du livre de Bruxelles 2024, et Prix Nénuphar 2025).
Comment travaille-t-on chez OBRIART ?
La modestie de l’équipe éditoriale amène à travailler directement avec les « artistes ».
Ainsi Un ours mal léché a-t-il fait l’objet d’un travail en commun éditrice-autrice pour le format de couverture, les illustrations et pour le texte de conclusion.
Qu’est-ce qu’un livre pour OBRIART ?
« L’histoire commence dès qu’on a le livre en main car le livre est un objet complet », dont les mots-clefs sont : découverte, familiarisation, décoration, jeu, amitié, confort, émerveillement, enthousiasme…
(collection trotrodile)
Cyprienne Kemp nous a présenté aussi
Moea a des rêves plein la tête, de Mino Rivo et Claire Thibon
Moea est une petite fille très imaginative dont l’esprit est rempli d’histoires fantastiques. Seulement cette riche imagination ne l’aide pas à se concentrer à l’école. Heureusement que Monsieur Coq a une solution ! Il lui montera que de sa différence Moea peut faire quelque chose de positif.
Les voyages de Marino, de Cecilia Cavallini
Marino aime bien aider autrui. Alors il a inventé une machine à distribuer la pluie.
Et un livre sur le thème : « que peut-on faire à notre hauteur ? »
Ma grand-mère, de Maria Elina :
« Ma grand-mère est une histoire tendre et émouvante qui parle de la perte de mémoire et des confusions souvent associées à la vieillesse ; sur la façon dont nous percevons ces changements et la capacité des enfants à recevoir avec amour et avec joie les choses que la vie leur réserve. La question de la perte de la mémoire n’est jamais exposée comme un problème, c’est d’avantage la formidable complicité entre la grand-mère et son petit enfant qui est ici mise en valeur.«
Puis Cyprienne elle nous a parlé de deux BD silencieuses (expérimentales) :
où il est question d’un changement de genreet
où comment les expériences peuvent vous rendre humain
Cyprienne Kemp a conclu avec une évocation de
La petite Fabrik
Montée avec Claire Gouelleu, autrice et metteuse en voix, qui va faire des lectures au cœur des cités, des points de deal, de lieux d’enfermement, des musées, la Petite Fabrik agit pour rendre le livre familier, au moyen de la création de livres-objets et d’actions culturelles et artistiques accessibles à tous.tes.
Un tel programme dévoile le rôle de l’éditeur au cœur de la cité. Et ce n’est pas le moindre mérite de la maison OBRIART.
Voici les retours de l’équipe Lire95:
Une démarche originale !
Un esprit d’entreprise très développé, visionnaire également, exigeante, sûre de ses choix; le nombre de ses publications annuelles, très restreint, et leur qualité, attestent d’une rigueur et d’un sérieux très profonds.
Les ouvrages choisis sont artistiques, choisis pour le thème, mais aussi ou surtout pour leur beauté ! On ressent la formation professionnelle de l’ intervenante.
Les livres présentés sont originaux, divers et choisis avec beaucoup d’intelligence et d’éthique.
Les livres sont magnifiques.
Une démarche originale !
Un esprit d’entreprise très développé, visionnaire également, exigeante, sûre de ses choix; le nombre de ses publications annuelles, très restreint, et leur qualité, attestent d’une rigueur et d’un sérieux très profonds.
Pour notre bibliothèque associative, nous avons acquis
L’ascenseur doit descendre, mais, bizarrement, il monte. Qui l’a appelé ? Est-il cassé ? Six voisins se rencontrent dans ce qui paraît être une routine éphémère, mais qui révèle bientôt de vieilles histoires et de nouvelles amitiés. Tous les voyages nous transforment, même un voyage en ascenseur. Bonus Un deuxième petit album est à découvrir dans une enveloppe qui est collée sur la troisième couverture de l’album. (Notice de l’éditeur)
Merci, Cyprienne Kemp, de nous avoir régalés avec toute votre production dont l’effet positif sur les enfants est incontestable.