Auteur/autrice : FrancoisC

Retour sur une rencontre avec Isabelle SIMLER le 13 mai 2025

Isabelle Simler est une dessinatrice-née, qui a étudié aux Arts décoratifs de Strasbourg, puis travaillé dans la publicité, la presse, le dessin animé et enfin l’illustration-jeunesse.

Sa rencontre avec les éditions Courtes et longues a été déterminante. Leur fondateur et directeur, Jean Poderos, lui-même ancien éditeur de livres d’art et auteur, a su nouer avec elle une profonde relation de confiance. Cette volonté partagée de qualité et d’esthétique, et la liberté d’exploration qu’elle peut développer lui permettent de mener à terme des créations qui sont, pour la plupart, de son initiative propre.

Pour elle, suivre ses envies est un chemin vital. Et le statut d’autrice-illustratrice lui offre un épanouissement complet.

Isabelle a toujours rêvé et elle a été émerveillée par les êtres vivants, tout ce qui peuple la nature, végétaux et animaux. Au-delà de les voir de très près, elle aspire à s’immerger dans leur univers et se glisser dans un monde de prédilection.

La création d’un album est précédée d’une solide documentation scientifique. C’est la connaissance approfondie d’un animal ou d’un végétal qui fera le dessin exact et le texte adéquat. Et vu les nombreux animaux et végétaux de ses livres, les recherches préalables occupent un temps supérieur à celui de l’écriture et du dessin.

Ainsi, pour concevoir Doux rêveurs (2017), qui traite du sommeil des animaux, elle a d’abord rencontré une vétérinaire spécialisée dans ce domaine.

Pour Royaumes minuscules (2021), qui convoque les insectes sociaux, elle a collaboré avec une ingénieure spécialisée dans l’environnement, Anne Jankéliovitch.

Isabelle Simler veut aller plus loin que Buffon dans ses « Histoires naturelles ». Son empathie veut faire émerger la part sensible et la poésie des créatures qu’elle met en scène. Aussi elle observe longuement leurs déplacements, leurs quêtes, leurs cycles, quitte à visionner des films au ralenti. Et elle traduit en paroles et en dessins leurs mouvements qui, mieux que des profils, sont leur carte d’identité.

Sa manière de faire est quasi primesautière au départ puis elle se fait industrieuse. Elle suit son inspiration, fait des rencontres aussi inattendues que fructueuses. Ses nombreux ateliers créatifs pour enfants l’ont menée jusqu’en Chine.

Elle utilise des outils variés, tantôt des crayons de couleurs, tantôt une palette graphique avec pour objectif de capter la lumière et l’attention. Il faut faire très fin, très précis, car le petit peuple de la nature est un infini de délicatesse et de fragilité. Mais elle va jusqu’au bout, sans se décourager, et retravaille ses épreuves jusqu’au dernier instant.

Les idées lui viennent souvent quand elle est seule et sans occupation, dans un train par exemple ; ou quand elle se remémore des rêves ou des observations. Mais le plus souvent l’idée vient lorsqu’elle se met à écrire ou à dessiner, comme si ces gestes étaient eux-mêmes des outils créatifs.

Pour expliquer le processus aux enfants qui la questionnent, elle a réalisé un album : Les idées sont de drôles de bestioles (2021), qui a remporté le Grand Prix de l’Illustration à Moulins en 2022.

Elle y a utilisé des métaphores animales qui montrent le côté polymorphe des idées.

Puis elle nous a présenté d’autres albums.

Ainsi, Plume (2012).

Né de l’idée très simple de dessiner des plumes, l’album s’enrichit comme par hasard d’un adorable chat, puis d’oiseaux, et il devient un imagier dans lequel on se promène pour le simple plaisir de la visite. Isabelle a voulu s’amuser à y varier les styles, tantôt dessinant des plumes très

« naturalistes », tantôt des oiseaux complètement stylisés. Elle a animé la balade en faisant se déplacer le chat, au grand plaisir des enfants qui le suivent dans ses détours AU LIEU DE s’intéresser aux sujets principaux. Cet album « participatif » fait beaucoup parler, échanger et sourire.

Ensuite elle nous a montré Heure bleue (2015) :

Elle a choisi d’inscrire le récit dans ce moment si particulier de transition où le jour baisse tandis que la nuit monte. L’idée était de rendre palpable les variations de la lumière et son nuancier de bleus. Des animaux bleus se sont invités : les « grands luisants » qui sont des escargots. Et puis des bêtes fictionnelles parce qu’on est dans le rêve éveillé. Des paysages. Et enfin la lune, magique.

Ensuite elle est passée à Vertige (2020):

Créé pendant le confinement, cet album montre comme il est possible, lorsqu’on ne peut pas aller bien loin, de cheminer dans un univers bien réel mais tout petit et qui est là comme disponible à nos pieds. Un monde bien réel, fascinant, étonnant, parfois inquiétant. L’héroïne est une coccinelle qui se met en quête d’un nid sûr où pondre ses œufs et qui rencontre toutes variétés d’insectes dédaignés ou redoutés : sauterelle, ombonie épineuse, phasme-bâton, araignée-crabe…Isabelle a voulu jouer avec les couleurs et les formes. Et nous en mettre plein la vue.

En 2022, un nouvel album est apparu : Maison,

Dans ce livre écrit à la première personne, elle s’est imaginée dans les projets de 27 animaux qui se construisent des habitats étonnants : un orang-outan, qui se refait un lit de feuilles chaque soir, une mésange couturière qui capitonne son nid douillet, des grenouilles qui secrètent et font monter en neige une écume qui leur sert de cachette secrète, un oiseau-jardinier satiné qui décore de fleurs bleues sa tonnelle, une araignée aquatique qui loge dans une bulle d’air immergée, etc.

Vivant (2024) est un livre où le texte sensible et épuré de Stéphane Servant va très profond dans l’intime.

On y parle des âges de la vie, avec de belles envolées. Isabelle en a tiré des images toutes en longueur comme pour pouvoir creuser. Et au final l’album est d’une forme étonnante et se lit dans tous les sens. Mais la vie n’est-elle pas souvent inattendue et déroutante ?

Extrait : Déjà vivant, je ne suis encore qu’une petite graine de pissenlit, légère et fragile. Comme un chat, je découvre le monde à tâtons. Et un matin, plus tard, beaucoup plus tard, je déploie mes ailes et quitte le nid…

Et pourquoi ne pas faire une promenade onirique avec des animaux disparus depuis longtemps ? C’ possible avec Carnet lointain (2024) :

Quand un album est terminé, tous les croquis préparatoires sont archivés et oubliés, et Isabelle pense que c’est dommage. Aussi a-t-elle voulu créer un livre qui les restitue parce que les esquisses ont la fraîcheur et la spontanéité des choses qui viennent de naître. Cela a donné D’après nature (2019).

Avec Dans les poches (2015), elle a voulu montrer des choses qui aiguisent la curiosité, des objets intrigants qui révèlent la personnalité ou le métier de ceux qui les ont ainsi mis de côté. Et elle n’a pas hésité à les nommer car les mots rares sont des matières vivantes à ne pas négliger.

Son dernier ouvrage de septembre 2025 : c’est l’illustration d’Alice au pays des merveilles (sur le texte original de Lewis Carroll).

Ce travail lui aura pris plus d’un an. Car le texte est complexe et paradoxal. En même temps, il est savoureux et inspirant. Alice incarne l’enfance. Et dans ce miroir, Isabelle a peut-être réalisé son autoportrait.

Curieuse, inventive, enthousiaste, Isabelle Simler a capté son auditoire de lecteurs bénévoles et d’amis de la littérature jeunesse. Nous apprécions des œuvres touchantes de grâce et de respect pour les créatures vivantes. Nous voyons que le travail d’Isabelle sert magnifiquement la grande cause de la défense de la nature à laquelle les enfants sont spontanément attachés. Qu’elle soit ici remerciée pour ce moment de partage dans la rencontre.

Pour notre bibliothèque associative, nous avons acquis

Avec cet album plein d’humour, immense hommage à tous ces héros de notre enfance, on redécouvre les contes les plus célèbres par une porte d’entrée, originale et intime. On joue à deviner le propriétaire de tous ces petits objets. Isabelle Simler déploie toujours une poésie sans limites, et nous fait découvrir les véritables personnalités de nos personnages de contes favoris (notice de l’éditeur).

Les Actus de Marie Lou, octobre 2025

Un automne plein de belles surprises…

Autour du Salon de Montreuil (https://slpjplus.fr)

Lettre du  02, 06,09/10/2025

      La billetterie pour le Salon est ouverte et gratuite pour tous sur présentation obligatoire d’un titre d’accès à télécharger sur le site du Salon.

Pour remettre la lecture au cœur des pratiques culturelles des jeunes, le ministère de la Culture et le ministère de l’Education, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche organisent de septembre à décembre 2025 des Etats généraux de la lecture pour la jeunesse (EGLJ).

Cette initiative est destinée à écouter les enfants et les adolescents pour comprendre ce qui fait obstacle à la pratique de la lecture. Cette réflexion associe les enfants, les créateurs, les familles et les professionnels du monde du livre ainsi que les collectivités territoriales et les associations.

https://www.culture.gouv.fr/thematiques/livre-et-lecture/etats-generaux-de-la-lecture-pour-la-jeunesse-remettre-la-lecture-au-caeur-des-pratiques-culturelles-des-jeunes

Sur le site Kibookin

En plus de la sélection par tranche d’âge, découvrez la sélection des Pépites du Salon 2025. Elles offrent une formidable opportunité de révéler des talents dans leur diversité. Un jury composé de jeunes de 8 à 18 ans décernera les prix dans les différentes catégories. Il s’agit de 20 titres publiés par 20 maisons d’éditions différentes et répartis en 4 catégories : Livre illustré, Fiction junior, Fiction ado et Bande dessinée. La Pépite d’or sera attribuée par un jury de critiques littéraires.

Voici la sélection des livres illustrés :

La pause Kibookin est consacrée à Alex COUSSEAU, auteur de Courir le vaste monde  (au Rouergue). Ce titre est sélectionné pour la Pépite Fiction ado.

Actualité éditeurs/auteurs

Les Grandes Personnes proposent :

36 mois, de Julia SPIERS : au fil des pages, on découvre un petit qui se transforme et dont l’univers s’élargit progressivement ; un livre qui appelle à une lecture partagée, un lieu d’échange avec d’autres générations ; dès 12 mois.

Hongfei nous fait découvrir :

Le bus jaune, le dernier livre de Loren LONG, illustrateur américain multi-primé : un bus scolaire d’un jaune éclatant transporte quotidiennement des enfants, mais après quelques années alors que sa couleur ternit, on lui confie des personnes âgées… (« Le bus jaune ne cherche pas le bonheur au bout du chemin, il le porte en lui » dixit l’auteur) ; dès 7 ans.

Les fourmis rouges suggèrent :

  • Refuge Mouchette, d’Inbar Heller ALGAZI : Lou Mouchette vit dans une maison transformée par sa mère en refuge pour animaux sauvages, sympathiques mais envahissants et a du mal à se faire entendre, elle rêve d’une vie normale ; dès 4 ans.
  • Les oreilles d’Hariette, de Marion PUECH : Hariette, une lapine aux grandes oreilles, constate à son réveil que ses oreilles ne sont plus sur la tête. Un album délirant mais qui questionne sur les moments de silence dont nous avons besoin dans notre société hyper-connectée ; dès 3 ans.

Les éditions des éléphants proposent :

  • La grippe, de Irène SCHOCH : un récit divertissant sur cette maladie de saison qui touche aussi bien les petits que les grands ; dès 3 ans.

Didier Jeunesse recommande :

  • Une histoire de princesse, de Stéphane SERVANT et Pauline DUHAMEL : une héroïne rebelle qui revendique qu’on écrive son histoire à sa place. L’auteur s’empare des codes du conte classique pour mieux les déconstruire ; dès 5 ans.

La Partie nous invite à lire :

  • Les contes du terrier, de Ludovic FLAMAND et Emilie SERON : une communauté d’animaux se partage des histoires lors de veillées ; un livre qui dit l’importance des récits pour faire société et construire une histoire commune ; dès 3 ans.

Rue du monde conseille : Noli qui dit non ! d’Antje DAMM : ou comment une petite bestiole ose dire stop ! On n’agit pas avec moi sans mon consentement… Indispensable. Fin, malin et be

La Martinière suggère :

  • Animal, d’Hélène DRUVERT : un documentaire illustré à la fabrication exceptionnelle avec des découpes laser, rabats et flaps ; dès 3 ans.

Albin Michel Jeunesse propose deux titres dans la collection l’Encyclopédie du Merveilleux dirigée par Benjamin LACOMBE, qui revisite avec brio les mondes peuplant nos imaginaires depuis toujours : 

  • Les mondes fantastiques, de Sébastien PEREZ et Minji KIM : prenez la main de la petite Anna et laissez-vous entraîner jusqu’au cœur de l’Atlantide, à travers la cité flottante de Laputa ou les couloirs du château de Dracula ; dès 9 ans.
  • Les licornes, de Cécile ROUMIGUIERE et Justine BRAX : qui sont vraiment les licornes, ces créatures fabuleuses qui galopent dans l’imaginaire des Hommes depuis des siècles ? Changeantes, envoûtantes, elles se métamorphosent sans cesse et portent en elles mille symboles ; dès 8 ans.

Talents Hauts fait redécouvrir la série à succès :

  • J’aime PAS être grand, de Stéphanie Richard et Gwenaëlle Doumont, en format de poche : des personnages aux caractères bien trempés qui refusent de se plier aux injonctions parentales et de se laisser imposer un rôle ; dès 6 ans.

Ricochet présente :

  • Le garçon de feu, de Sarthak SINHA : Tim est une vraie boule de feu et chaque émotion forte devient une flamme incontrôlable qui effraie les autres jusqu’au jour où il rencontre Etoile ; dès 4 ans.
  • Le roi des prunébulles, d’Audrey HANTZ : il était une fois un roi qui adorait les prunébulles qui poussaient uniquement sous le soleil d’été ; hélas quand l’automne arriva, le roi exigea toujours sa gourmandise préférée ; Prix du Livre Vert 2025 délivré par la ville du Mans pour soutenir un projet autour de l’écologie et la protection de l’environnement ; dès 3 ans.
  • Les animaux disparus (et retrouvés !), de Eric MATHIVET et Capucine MAZILLE : entre faits scientifiques et anecdotes, l’auteur met en lumière le travail minutieux des paléontologues. Une fresque chronologique offre des repères clairs et précis pour se situer sur l’échelle du temps ; dès 6 ans.

Quelques nouvelles de nos invités des saisons précédentes :

Adèle TARIEL revient avec  Bertille et Brindille au marché de Noël. Comme dans le premier opus, les deux petits personnages se cherchent dans un tout-carton recto-verso mais au marché de Noël (chez le Père Fouettard avec des illustrations de Jérôme PEYRAT) ; dès 3 ans.

Florian PIGÉ nous présente Nuit Blanche: se perdre la nuit d’Halloween et, le matin, n’être plus tout à fait le même. Un conte contemporain d’initiation ; dès 7 ans (chez Hongfei). Cette création exceptionnelle de l’auteur a été sélectionnée en 2025, parmi plus de 4300 candidatures, pour participer à la fameuse exposition de la Foire Internationale du livre jeunesse de Bologne réunissant les œuvres de 77 lauréats.

Alain SERRES présente Fables pour le pays de Demain: 33 fables pour saluer le Secours Populaire  Français, à l’occasion de son 80e anniversaire et pour imaginer le monde de demain ; sur la solidarité et le vivre-ensemble demain (Rue du Monde, illustrations de Laurent CORVAISIER, notre invité de décembre 2025).

Bernadette GERVAIS présente Une année : en 24 images l’autrice raconte le temps qui sépare deux anniversaires et rend compte de la vie qui défile ; éditions La Partie ; dès 2 ans.

Et aussi :

La médiathèque Françoise Sagan organise une exposition patrimoniale consacrée à l’auteur-illustrateur Philippe CORENTIN. L’exposition Double Plouf et Patatras aborde 3 dimensions : l’hommage de 80 artistes à CORENTIN, hommage de CORENTIN à ses pairs et enfin une exposition immersive avec les sculptures d’Alex ROCHEREAU ainsi qu’un espace immersif mêlant jeux et lecture (Médiathèque Françoise Sagan, 8 rue Léon Schwartzenberg, Paris 10e, du jeudi 27 novembre 2025 au dimanche 22 mars 2026).

A bientôt

Marie Lou

Les Actus de Marie Lou, septembre 2025

C’est la rentrée et voilà les premières nouveautés…

Autour du Salon de Montreuil (https://slpjplus.fr)

Lettre du 25/09/2025

La nouvelle édition du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse en Seine-Saint-Denis se tiendra du 26/11 au 01/12/2025 à Paris-Montreuil-Expo. Événement majeur pour la littérature jeunesse, tant pour le grand public que pour les professionnels, le Salon attire chaque année à Montreuil près de 200.000 visiteurs.
Vitrine de la diversité de la création et de l’édition contemporaine, il propose simultanément un véritable festival de rencontres, des expositions, des ateliers et dédicaces, où pas moins de 400 maisons d’éditions, des auteur(ice)s, des illustrateur(ice)s et la lecture sont à l’honneur.

Le thème de cette 41ème édition est L’Art de l’autre. S’intéresser à l’autre, se mettre à sa place, essayer de le comprendre : tout un « art » qui donne le ton de cette 41ème édition dédiée à l’empathie.

Sur le site Kibookin

En plus de la sélection par tranche d’âge, Kibookin présente sa sélection thématique du mois  Aller de l’avant , composé de trente livres qui sont autant de récits inspirants autour de la reconstruction : comment avancer et se relever après un drame ou un choc émotionnel. (images)

La pause Kibookin est consacrée à la romancière Rachel CORENBLIT, autrice d’une trentaine de romans-jeunesse. Il s’agit d’une web-série pour s’immerger dans l’univers intime des artistes qui y dévoilent leurs sources d’inspiration et leurs souvenirs de lectures.

Actualité éditeurs/auteurs

Les Grandes Personnes proposent :

  • 36 mois, de Julia SPIERS : au fil des pages, on découvre un petit qui se transforme et dont l’univers s’élargit progressivement, un livre qui appelle à une lecture partagée, un lieu d’échange avec d’autres générations ; dès 12 mois.
  • Dia de Muertos, d’Anne-Florence LEMASSON et Dominique EHRHARD : au Mexique les deux premiers jours de novembre donnent lieu à une grande fête colorée. Un pop-up avec des décors et animations époustouflantes et des textes qui riment comme des chansons, c’est la fête des squelettes ; dès 3 ans.

L’Etagère du bas présente :

  • La balade du panda, de Ludovic FLAMANT et Sara GRESELLE : un panda solitaire quitte sa forêt pour monter au hasard dans un train. L’auteur dénonce avec subtilité le comportement destructeur des humains, par opposition à la simplicité de la vie animale ; dès 5 ans.

Les 400 coups nous font découvrir :

  • Les cheveux de M. Fiorello », de Cecilia RUIZ :  un album à la fois ludique et philosophique, explorant le processus du changement et de la croissance à travers une palette de couleurs et des textures évoquant la douceur, la détermination et l’acceptation ; dès 4 ans.

Hongfei suggère deux livres de Da Wu :

  • Deux frères en camping : deux frères partent en camping et parlent OVNI… Mais ils sont loin d’imaginer l’aventure qui les attend ! Un album comique ! dès 6 ans.
  • Un éléphant dans la chambre : alors qu’une brouille vient d’éclater entre les deux frères, un éléphanteau est entré dans la chambre et pendant qu’ils continuent à bouder, l’éléphant est devenu si gros que… ; dès 6 ans.

Les Fourmis rouges proposent :

  • Le gravillon de pavillon qui voulait voir la mer, de Claire SCHWARTZ : Danny est un gravillon écrasé à longueur de journée par les pieds, les roues. Un album vif et pétillant invitant au voyage ; dès 4 ans.
  • Le petit dernier, de Thomas MEDARD et Lisbeth RENARDY : Eugène, troisième de la fratrie, se sent comme la cinquième roue du carrosse. Un album qui pointe de véritables douleurs mais avec un humour et une tendresse qui font oublier les brouilles des fratries pour ne garder que le bonheur de « faire famille » ; dès 6 ans.

Le Diplodocus présente :

  • Dans le ventre de Bob, d’Alfredo PANICONI et Lina ITAGAKI : Bob est un très bon chien mais tout finit dans son ventre.  Un album à l’humour délicieusement absurde qui s’amuse du penchant naturel des chiens à tout faire passer sous leurs canines ; dès 5 ans.

Obriart propose :

  • Moea a des rêves plein la tête, de Mino RIVO et Claire THIBON : Moea est une petite fille avec beaucoup d’imagination, seulement tout le monde ne la comprend pas. Chaque jour, sa tête se remplit d’histoires grandioses aux décors époustouflants, mais elle est la seule à les vivre. Le personnage de Moea nous aide à comprendre ce qui se passe dans la tête des jeunes enfants à l’imagination débordante ; dès 7 ans.

Didier Jeunesse suggère :

  • Le grand large, de Mathilde BEDOUET : pendant les vacances en Bretagne, Paul se trouve coincé par la marée. L’album évoque le moment charnière où l’on passe de la petite enfance vers une certaine autonomie. Il est l’adaptation du court-métrage d’animation ETE 96, récompensé du César du meilleur court-métrage d’animation 2024.

Quelques nouvelles de notre invitée du mois de mai, Isabelle Simler, qui nous fait découvrir son dernier album : Alice au pays des merveilles.

Isabelle Simler aime observer avec finesse et incarner la faune et les animaux. Elle plonge au cœur du texte de Lewis CAROLL pour livrer sa propre version d’Alice (chez les Editions courtes et longues).

Et aussi :

Le Centre d’art de Rouge-Cloître à Bruxelles propose jusqu’au 23 novembre l’exposition collective Quand vient la nuit, qui rend hommage aux illustrateurs et illustratrices qui insufflent la vie aux récits et construisent l’imaginaire visuel des livres pour enfants. Les illustrations se dévoilent dans leur version originale, au-delà de leurs contours définis par le format du livre et nous montrent combien l’art de l’illustration est un terrain d’expérimentation et de sensibilité, où la nuit se fait tour à tour douce, mystérieuse, effrayante, drôle ou poétique.

Parmi les artistes, nous trouvons Mario RAMOS, notre invité en 2008…

Et voici un temps fort important :

A bientôt,

Marie Lou

Retour sur une rencontre avec Malika DORAY le 1er avril 2025

Le cheminement de Malika DORAY vers le livre jeunesse a été sinueux. Après des études d’histoire et d’ethnologie et une année passée en Angleterre elle souhaitait  devenir scénographe d’expositions. Logiquement, elle est entrée à l’Ecole nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (Olivier de Serres). Mais là elle a connu les difficultés de quelqu’un qui a envie d’apprendre à dessiner dans une école qui enseigne à des dessinateurs déjà accomplis. Surmontant sa déception, elle retirera de l’expérience des compétences solides en matière de conception de projets. Et, plus tard, dans son for intérieur, elle comprendra un peu ce que peuvent ressentir des enfants en échec scolaire. 

Fille d’un psychanalyste et psychiatre, elle se souvient que son père appréciait et citait avec autant de sérieux Marx ou Freud ou Janosch, le célèbre auteur-illustrateur allemand :

Travaillant auprès de tout-petits pour des activités d’éveil, elle se lance dans des créations diverses, et elle, qui ne sait pas dessiner les humains, qui n’est pas du tout « Beaux-Arts », qui ne connait pas grand-chose à la couleur, va utiliser le peu de de vocabulaire graphique qu’elle connaît pour illustrer des textes aux formulations mélodiques, souvent répétitives comme un chapelet de formules réconfortantes.

 « Je t’aime même quand je ne suis pas là »

Elle nous lit  Je t’aime tous les jours, qui en 2006 fut son troisième album:

L’enfant tout-petit est le moteur et le partenaire  de son travail. Car elle observe les petits lecteurs, qui interviennent sur l’objet, en ouvrant un livre de telle façon, en manipulant un tapis ou un doudou chacun à sa manière. Ainsi les enfants sont-ils, pour ainsi-dire, les co-créateurs d’une œuvre partagée.

SES TECHNIQUES, SES GOUTS, SON STYLE.

On discerne « les arts appliqués » dans sa façon de dessiner avec une expressivité qui vient du traitement de la forme et non des aplats, de la couleur ou de la perspective. Il y a une certaine virtuosité à créer un album au moyen de 8 faces de cubes ! A déployer des tas de bisous en mélangeant la tendresse et la mathématique ! A créer des ribambelles où chaque animal est à la fois pareil (la même forme) et différent de son voisin ! 

Pour elle, une image, c’est une dose d’émotion, une dose de couleur, une dose de calcul.

C’est un plaisir incroyable  pour elle de jouer avec les motifs. Quand à force de répétition, comme, dit-elle, « un hamster dans sa roue », elle a trouvé le motif qui lui convient, de façon inattendue, c’est un vrai plaisir de le répliquer à l’infini.

Souvent, elle intègre, par collage ou copie, des imprimés chinois récupérés de la marque Petit Pan. Pourquoi ce choix ? Pas de réponse. De toute façon, le plaisir de faire s’impose à elle plus que l’introspection.

Elle se fait quasiment l’instrument des capacités motrices du petit enfant, d’où les sinuosités des contours, les répétitions, l’épaisseur d’un trait qui cerne et donne forme. Elle se fait vectrice de l’imaginaire enfantin.

Les textes, toujours très doux, sont écrits en même temps que les images sont dessinées. Elle parle d’une « rondeur texte-image » qui correspond à l’univers qu’on attribue souvent aux tout-petits. 

Et donc elle crée des albums, des tapis, des doudous,  qui sont les incarnations tangibles de ses rêves. Elle aime le beau papier épais des éditions MeMo qui protège des aléas des manipulations.

A-t-elle DES INTENTIONS, un projet ?

L’envie soutenue de partager une vision du monde est évidente, mais cela ne constitue pas un projet d’écriture ou d‘illustration. Elle raconte avec humour qu’après qu’elle eut écrit un album sur la naissance, puis un sur le mariage, un éditeur lui a demandé d’en faire un sur le divorce ! Proposition vivement rejetée, avant de s’apercevoir que tous ses albums ou presque parlent de séparation.

En réalité, pour créer quelque chose, il faut qu’elle ressente une poussée intérieure, quasiment inexplicable, de l’ordre d’une éclosion. Et elle a cette phrase tellement vraie: « Les tout-petits ont une part active dans le devenir du monde actuel,  ils participent à faire grandir le monde qui nous attend », phrase qui fait écho à celle de Saint-Exupéry : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. »

Les  livres qu’elle nous a désignés comme importants à ses yeux recèlent des intentions humanistes.

Le premier cité, c’est Doris (2024), sur un texte de Coline IRWIN, une cousine, elle-même plasticienne et éducatrice de jeunes enfants.

Doris raconte le quotidien d’une dame fort âgée. Ce sujet sensible, inspirant, captive les jeunes lecteurs. Malika nous livre une anecdote bien représentative de ce qui peut arriver dans des séances de lectures. Comme Doris, cette vieille dame, tricote pour donner de quoi se vêtir à des migrants, un enfant de 4 ans s’est soudain levé pour crier : « Elle a pas le droit ! » D’où s’ensuivit un échange nécessaire et intéressant entre la médiatrice du livre et l’enfant.

Ensuite, Malika nous a présenté Ma mère est une panthère (2023).

Le premier album dans lequel elle a recommencé à dessiner des humains, qui cette fois lui plaisent. Dans ce livre, Malika aborde l’idée que les deux parents doivent assumer chacun l’entièreté des tâches d’éducation, protection, travaux ménagers, etc, au lieu de se les répartir de façon genrée.

Puis elle nous a montré Dans ce monde (2016) :

Un petit lapin nous offre un joli conte métaphorique, en passant par les différentes étapes de découvertes et d’apprentissages qui le mèneront à l’autonomie et le rendront bienfaisant pour le monde.

Et puis elle a montré Ce livre-là (2007),

qui est un pop-up à la gloire de la lecture, contenant l’évocation de onze sortes de livres, un pour rigoler, l’autre pour avoir peur, un troisième pour s’endormir, etc, etc.

et Chez les Ours (2011),

deux livres en un qui permettent au lecteur d’intervertir textes et images, de sorte que l’enfant « se crée » des saynètes étonnantes, parfois désopilantes.

Enfin, elle nous a parlé des livres d’éveil qui ont été retenus par divers départements comme des « albums de naissance »  et offerts aux jeunes parents :

Quand ils ont su (2012, offert par le Val-de-Marne),

Un câlin (2014, offert par le Lot et la Savoie),

Dans la montagne (2020, offert par l’Isère),

Pour conclure, Malika nous a montré

qui est assorti d’un jeu :

https://media.ecoledesloisirs.fr/show-bonus-jeu.php?id_bonus=17

Cet album concrétise  tous les ressorts  de sa démarche originale d’autrice-illustratrice : tirer parti de son expérience personnelle, prendre un vif plaisir au jeu des images et des mots, adorer les surprises, sortir de son confort et risquer l’autonomie. Au final, toute une création qui est un véritable éloge de l’enfance et un chemin de vie inspirant.

Nous remercions vivement Malika d’avoir partagé avec nous son expérience, ses techniques et pratiques, ses espoirs, ses idéaux et sa profonde conviction que la vie vaut d’être vécue.

Pour notre bibliothèque associative, nous avons acquis :

Le Grand Voyage des petites souris (L’école des loisirs, 2018)

Deux soeurs souris vont faire un grand voyage en laissant leur frère, pas du tout féru d’aventures, à la maison. Elles découvrent paysages et animaux magnifiques tandis que leur frère reste confortablement chez lui, jusqu’au jour où elles lui disent qu’elles vont découvrir un endroit secret…